Délégation et PICC line, on en parle ?

Que délègue-t-on ? Et à qui ? La validation du geste de pose peut être déléguée aux pharmaciens cliniciens qui analysent l’ensemble des demandes provenant des services et valident plusieurs paramètres : indication de pose, nombre de voies, absence de contre-indications d’abord ou contre-indications absolues, incompatibilités physico-chimiques entre les molécules prescrites. La pose peut être déléguée aux manipulateurs en électroradiologie médicale (MERM). Un radiologue junior ou senior devra cependant être en permanence présent en support en cas d’échec de pose ou autre difficulté. Il s’agit d’une activité non urgente qui se réalise en horaires et jours ouvrés. Le patient doit être informé et exprimer son consentement à la délégation du geste. Quels sont les bénéfices/contraintes attendus ? La validation du geste par le pharmacien est une étape qui permet avant tout de sécuriser le circuit de pose et l’utilisation du PICC line en s’assurant que le bon dispositif sera posé chez le bon patient et utilisé correctement. Un des principaux objectifs est d’orienter le prescripteur vers un dispositif simple voie afin de réduire le risque de complications. L’implémentation d’une telle activité nécessitera cependant des ressources humaines proportionnelles au volume de PICC line posé dans l’ETS. De plus, l’analyse pharmaceutique étant une étape bloquante du circuit, elle ne doit pas retarder la prise en charge du patient, ce qui impose un délai de validation rapide. La pose par un MERM permet de lisser l’activité générale de radiologie interventionnelle et d’augmenter le nombre de plages disponibles dédiées à cette activité tout en valorisant le rôle du manipulateur et en libérant des créneaux pour le radiologue. Les délais d’attente sont réduits, améliorant ainsi la qualité de la prise en charge. Le MERM qui devient expert en pose est alors autant compétent que le radiologue pour la prise en charge du patient. Le MERM formé à la pose du PICC line pourra bénéficier d’un intéressement financier mensuel de 100 € brut. L’implémentation de la délégation de pose est un processus long à mettre en place car il nécessite une protocolisation avec l’ARS et repose sur la motivation et le volontariat de manipulateurs, avec là encore la nécessité d’anticiper et de quantifier les ressources humaines nécessaires pour absorber l’activité. En pratique, comment faire ? La délégation de la validation du geste au pharmacien peut s’inscrire dans les activités de pharmacie clinique de routine d’un établissement et nécessite au préalable une courte formation des pharmaciens. L’analyse des demandes se fera ensuite au moyen des outils classiques de validation (dossier patient, analyses biologiques, logiciel de prescription médicamenteuse, etc.). Si la demande est informatisée, un accès au logiciel de validation des examens de radiologie sera nécessaire. La délégation de pose au manipulateur nécessite de contractualiser l’activité avec l’ARS par la mise en place d’un protocole de coopération. Tout personnel éligible devra être formé à la pose (partie théorique, partie pratique avec nombre minimum de poses à observer puis à réaliser, CAT si complication per geste, etc.). La pratique de l’échoguidage peut être facilitée par l’utilisation de fantômes d’entraînement. Plusieurs indicateurs seront à évaluer chaque année comme, par exemple, le respect d’un délai de 48 h maximum entre la demande et la pose, le taux de 80 % de PICC posés par les manipulateurs, etc.