Publié le 31 mar 2022Lecture 5 min
Qu’avez-vous raté à FIRE 2021 ?
Farouk TRADI, service de radiologie diagnostique et interventionnelle, hôpital Timone, Marseille
En novembre dernier se tenait à Marseille la 5e édition du FIRE (Futur of Interventional Radiology Expert Panel), un congrès organisé par le Pr Vincent Vidal et son équipe, réunissant un panel d’experts en radiologie interventionnelle durant deux journées. L’oncologie interventionnelle était au cœur de la deuxième journée du congrès.
Oncologie interventionnelle hépatique : dernières news !
• Radioembolisation du CHC
Le Pr Boris Guiu du CHU de Montpellier à travers son exposé a bien illustré la situation autour de cette technique. « Des études de phase II qui invalident des essais de phase III », un brin provocateur pourrait-on croire. En effet, l’année 2021 a été marquée par la parution de l’essai DOSISPHERE et de l’essai LEGACY. Le premier cité a mis en lumière le bénéfice de la dosimétrie personnalisée sur le taux de réponse objective dans le CHC localement avancé. Le second a renforcé le concept de « segmentectomie radique » en intention curative ou comme traitement néo-adjuvant du CHC. Quelques semaines plus tard, on assistera à l’introduction de la radioembolisation dans la version 2022 du BCLC pour le traitement des lésions uniques < 8 cm.
• Le Dr Verset du CHU de Bruxelles, à travers son exposé a ensuite mis en avant les intérêts potentiel de l’holmium-166 par rapport à l’yttrium-90 sur la sélection des patients, la planification de la thérapie et la vérification du traitement. Les sphères d’holmium peuvent en effet être visualisées et quantifiées même à faibles concentrations en IRM, ce qui n’est pas possible avec les microsphères à base d’yttrium-90. Un essai combinant radioembolisation à l’holmium et immunothérapie dans le CHC localement avancé va d’ailleurs être lancé par l’équipe du Pr De Baere et du Dr Tselikas à l’Institut Gustave Roussy (Villejuif).
• Immunothérapie et ablation du CHC – L’immunothérapie (IT) s’attaque aux BCLC A. On apprend à travers l’exposé du Pr Guiu que pas moins de 4 essais industriels de phase 3 sont en cours d’évaluation de l’immunothérapie en adjuvant d’un traitement curatif chirurgical ou radiologique du CHC. On y apprend également le lancement de l’étude AB-LATE 02, essai multicentrique national évaluant l’IT en néoadjuvant puis en adjuvant d’une thermo-ablation en intention curative. La combinaison deviendra-t-elle bientôt la règle ?
• Histotripsie, kezako ? Le Dr Joan Vidal-Jové, venu de Barcelone, a présenté les résultats de la première expérience sur l’homme de l’ablation tumorale hépatique par histotripsie, une méthode ultra- sonore focalisée à forte puissance non thermique, ce qui la distingue de l’HIFU. Embarquée sur un robot et avec un guidage échographique, cette technique non invasive semble prometteuse, elle a récemment reçu la désignation de dispositif révolutionnaire par la FDA. La cohorte comprenait 8 patients, avec une taille tumorale moyenne de 1,3 cm avec un taux de succès clinique de 90 %, sans complication. Le traitement se faisant sur patient vigile, l’auditoire semblait néanmoins interrogatif quant à l’absence de correction des mouvements hépatiques et sur le guidage échographique seul, exposé aux artéfacts de cavitation.
Électrolocation irréversible (IRE) et pancréas : données cliniques
Le Pr Tasu du CHU de Poitiers, a présenté au FIRE les résultats préliminaires de l’étude IRECAP. Un essai de phase I-II évaluant l’intérêt de l’IRE dans le traitement des adénocarcinomes pancréatiques localement avancés. Sur les 21 patients traités dans le cadre de l’étude, 7 ont finalement pu bénéficier d’une résection chirurgicale en intention curative, et la survie médiane était de 33 mois, confirmant les données de l’étude PANFIRE 2. En termes de tolérance, 23 % de complications majeures sont survenues, mais aucun décès. Une étude randomisée multicentrique française pilotée par le CHU de Poitiers est d’ailleurs en cours de lancement, les centres intéressés étant invités à se proposer.
Ablation pulmonaire et cryothérapie : traitement local ou systémique
Le Dr Tselikas de l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) a abordé le rôle systémique de la cryoablation pulmonaire. Si le bénéfice de cette technique sur le contrôle tumoral local dans l’ablation pulmonaire est maintenant largement validé, son rôle en tant qu’immuno-stimulateur cliniquement effectif dans la maladie métastasique reste débattu. Si les résultats précliniques sur modèle murin sont très prometteurs concernant l’effet systémique, dit abscopal de la cryoablation pulmonaire, la translation vers l’homme n’est pas pour l’instant démontrée. Un essai multicentrique français de phase III, CRYOMUNE piloté par le Dr Palussière du centre anti-cancer de Bordeaux va évaluer l’intérêt de la cryoablation en association au traitement standard par immunothérapie dans le cancer du poumon métastasique.
Navigation dirigée et guidage de bille ferromagnétique par RMN
Après la sortie du cathéter, les drogues injectées et les agents emboliques échappent au contrôle du radiologue interventionnel. Leur trajectoire dépend des forces anatomiques, hémodynamiques, gravitationnelles et de cisaillement sans faire de distinction entre tissu sain et tumeur. Être capable de tenir compte de ces facteurs avec diverses acquisitions d’IRM et de contrôler les microsphères magnétiques à élution de drogue à travers les bifurcations pourrait augmenter la portée thérapeutique de la radiologie interventionnelle en réduisant le caractère invasif.
Le Pr Gilles Soulez du CHU de Montréal a développé les avancées en recherche préclinique d’un nouveau concept de guidage, appelé navigation par résonance magnétique. Les nanoparticules d’oxyde de fer super-paramagnétiques qu’il évalue, permettraient en plus d’être « téléguidées » par IRM, pour un meilleur contrôle de la pharmacocinétique des médicaments, par exemple en permettant une libération plus progressive ou à température contrôlée des médicaments. Étant donné que les nanoparticules d’oxyde de fer ont un contraste intrinsèque, l’imagerie de suivi sans injection de produit de contraste pourrait également en bénéficier.
La navigation IRM pourrait donner aux radiologues interventionnels plus de contrôle sur les dispositifs intravasculaires, par exemple en leur permettant de les maintenir en place ou de concentrer ou de disperser la thérapeutique après la procédure dans une tumeur. L’extension des techniques interventionnelles actuelles avec la navigation IRM et les nanoparticules super-paramagnétiques sont une manière passionnante dont la radiologie interventionnelle peut continuer à offrir des solutions innovantes aux patients.
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