Publié le 11 avr 2025Lecture 3 min
Onco-hématologie : faisabilité et apport de la télésurveillance en pratique
Karelle GOUTORBE, Reims

Si la télésurveillance a démontré ses bénéfices en oncologie, sa mise en place et le niveau d’adhésion des participants sont encore inexplorés en hématologie. Est-elle vraiment réalisable et bénéfique en vie réelle au sein des services d’onco-hématologie ?
La télésurveillance médicale (par electronic patients reporting outcomes, ePROs) permet aujourd’hui une détection plus précoce des symptômes chez les patients sous traitements anticancéreux. Elle a déjà démontré son intérêt en oncologie sur la réduction de la morbidité et l’amélioration de la qualité de vie. Selon plusieurs essais de phase III, elle réduirait de 25 % les complications sévères de grade 3-4 et de 17 à 28 % les consultations aux urgences(1-5). De plus, elle améliore de 1,9 mois la durée sous traitement, de 5,2 mois la survie globale et de 88 % la qualité de vie(1-3). Ainsi, la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO) recommande son utilisation en routine clinique depuis 2022. Néanmoins, l’adhésion des patients et des soignants en onco-hématologie restait jusqu’à présent méconnue…
Une étude nationale sur près de 500 patients
Menée au sein de 31 centres français entre janvier 2022 et décembre 2024(6), une étude nationale rétrospective observationnelle a inclus 476 patients sous traitement systémique en hématologie (64 ans d’âge médian, 55 % d’hommes et 45 % de femmes). Ces sujets étaient principalement atteints de myélome (30 %), leucémie lymphoïde chronique (LLC : 17 %), lymphome de Hodgkin (13 %), lymphome diffus à grande cellules B (13 %), lymphome folliculaire (12 %), leucémie myéloïde chronique (11 %) et lymphome à cellules du manteau (4 %). La télésurveillance passait par des questionnaires envoyés aux patients, des conseils personnalisés, l’accès à des soins de support et une communication directe avec l’équipe soignante. « La télésurveillance n’est pas un système de signalement des urgences, précise le Dr Sophie Bernard (Bayonne, Centre hospitalier de la Côte Basque). Il faut éduquer les patients et les inciter à appeler le 15 en cas d’urgence (saignements massifs…) ».
Une forte adhésion et une amélioration des effets secondaires
Globalement, l’adhésion des patients au questionnaire hebdomadaire était de 79 %, avec un temps médian de réponse aux questions de 9,5 heures. Du côté des professionnels de santé, 99,5 % des questionnaires en alerte étaient traités, avec un temps médian de traitement de 3,2 heures.
L’étude a également évalué l’amélioration des symptômes chez les patients déclarant des effets secondaires (anorexie, constipation, diarrhée, dyspnée, fatigue, douleurs, nausées et vomissements). Au total, respectivement 94 % et 84 % des patients ont présenté une amélioration d’au moins un point et d’au moins deux points (de grade PRO-CTCAE). Après 12 semaines de télésurveillance, « on observe une amélioration notable de la gravité des symptômes déclarés », souligne le Dr Bernard, tout en précisant que l’amélioration de la progression de la maladie est également à prendre en compte à cette période. Les symptômes les plus fréquents de grade ≥ 3 étaient la douleur (48 %), la diarrhée (28 %) et les nausées (24 %).
En somme, « l’implémentation de la télésurveillance en onco-hématologie est faisable, avec une bonne adhésion des patients et des soignants. En détectant précocement les effets secondaires liés au traitement, elle permet d’agir plus vite et d’éviter les toxicités de grade 3-4, les hospitalisations, ainsi que le recours au service des urgences », conclut le Dr Bernard.
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