Publié le 03 avr 2025Lecture 3 min
JFHOD 2025 | Comment booster la participation au dépistage du cancer colorectal ?
Karelle GOUTORBE, Reims

Avec environ 47 000 nouveaux cas diagnostiqués par an, les tumeurs colorectales sont la deuxième cause de décès par cancer. Cependant, le programme de dépistage organisé (DO) n’atteint pas les objectifs escomptés. Renforcer l’adhésion des personnes concernées devient donc un réel enjeu de santé publique. Mais quelles sont les pistes d’amélioration ?
La stratégie actuelle de dépistage du cancer colorectal (CCR) propose aux sujets asymptomatiques, âgés de 50 à 74 ans, un test immunologique (FIT) de recherche de sang dans les selles, puis une coloscopie si le test est positif. En cas de symptômes d’alerte ou d’antécédents (cancer ou polype), la coloscopie est proposée d’emblée. Mais, le DO souffre en France d’une participation insuffisante : seulement 6,2 millions de personnes dépistées pendant la période 2023-2024 sur une population-cible de 20,8 millions, soit un taux d’adhésion de 29,6 %(1). « Pour une action efficace sur la population, plus de 60 % des personnes devraient adhérer », précise le Pr Christophe Cellier (gastroentérologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou, Paris).
Lever les tabous et les craintes
Réalisée par l’institut Vivio France pour la Société nationale française de gastroentérologie (SNFGE), une enquête a été menée en décembre 2024 sur 1 000 sujets. Elle a permis d’identifier certains obstacles au dépistage. En effet, 32 % des personnes ressentent une gêne vis-à-vis du prélèvement de selles nécessaire au test FIT, et 18 % appréhendent les résultats. Quant à la coloscopie, elle est perçue comme anxiogène par près de 70 % des personnes l’ayant réalisée, en raison des modalités de l’examen et notamment de sa préparation. Cette appréhension était davantage présente chez les femmes (79 % contre 61 % chez les hommes).
La SNFGE s’engage à briser les tabous auprès du Grand Public à travers un film, qui sera diffusé tout au long de l’année sur YouTube et abordera notamment les craintes à l’utilisation du kit de dépistage. À l’occasion de Mars bleu, elle a lancé également un livret de dédramatisation de la coloscopie, avec pour objectif d’apporter des informations claires et rassurantes sur la procédure. Intitulé « Cooloscopie ! », ce livret à destination des patients sera diffusé auprès des professionnels de santé.
Cibler les zones défavorisées
« Le recours au dépistage diminue à mesure que le niveau de précarité augmente, explique la Dr Catherine Exbrayat (médecin coordinatrice du programme de dépistage des cancers en Isère). Il est plus faible parmi les populations précaires ». En effet, le taux de participation au DO chute à 18 % dans les zones défavorisées. Ainsi, l’essai DECODE a évalué l’intérêt d’une intervention mixte (formations des médecins généralistes [MG], associées à des brochures et vidéos pour les usagers) pour améliorer le DO du CCR dans les zones défavorisées. À travers huit équipes réparties dans quatre régions (Auvergne Rhône-Alpes, Île-de-France, Occitanie, PACA), il a inclus 52 MG et 1 025 patients éligibles au DO (entre octobre 2021 et avril 2023), randomisés entre un bras intervention et un groupe contrôle (soins habituels). Selon les résultats, la mise en place de l’intervention mixte a significativement permis d’améliorer le taux de participation au DO dans les zones défavorisées. En effet, la probabilité d’effectuer un test de dépistage du CCR était deux fois plus élevée dans le groupe intervention. « La réalisation d’interventions ciblées dans les zones défavorisées peut réduire les inégalités sociales de santé », conclut la Dr Exbrayat.
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