Cancer de l’endomètre et envahissement des espaces lymphovasculaires - Une évaluation quantitative impactant le pronostic et la prise en charge thérapeutique

Un des points forts du LVSI en tant que facteur pronostique est qu’il peut être détecté lors d’un examen microscopique de routine, sans nécessiter de tests complémentaires, ce qui le rend utilisable dans des contextes disposant de ressources limitées. Cependant, l’absence de critères uniformément appliqués pour l’évaluation et la quantification de la LVSI entraîne une variation entre les observateurs dans le diagnostic. Cette difficulté est aggravée par des artefacts et d’autres caractéristiques morphologiques pouvant imiter le LVSI (souvent désignés sous le terme de pseudo-LVSI). Malgré ces limitations, de nombreuses études ont démontré que le LVSI est fortement associé aux métastases ganglionnaires (LN) et constitue un facteur de risque indépendant pour les récidives ganglionnaires et les métastases à distance. Par conséquent, la présence d’un LVSI substantiel ou étendu est devenue un élément clé dans l’élaboration des recommandations de traitement adjuvant pour les patientes atteintes de CE, et cette notion a été intégrée dans le système de stadification 2023 de la Fédération Internationale de Gynécologie et d’Obstétrique (FIGO). L’article de Elke E. M. Peters et al. a passé en revue la littérature actuelle sur le LVSI dans le CE. Pour ces auteurs, il est urgent de standardiser la définition, l’évaluation et le rapport de l’invasion des espaces lymphovasculaires (LVSI) à la lumière des nouvelles recommandations du FIGO 2023 pour le cancer de l’endomètre. L’étendue de LVSI a un impact pronostique et thérapeutique dans le carcinome endométrial (CE) en fonction du type de tumeur, de son grade, de son stade et de sa catégorisation moléculaire, et peut ainsi influencer les recommandations de prise en charge des patientes. La présence d’une invasion des espaces lymphovasculaires substantielle est d’une grande pertinence pronostique dans les adénocarcinomes endométrioïdes, en particulier dans les sous-types NSMP (non-specific molecular profile) et MMRd de CE. Dans ce cadre clinique spécifique, le diagnostic de l’étendue de la LVSI aura des conséquences sur la gestion du traitement adjuvant. Environ 10 % de ces cas présentent un LVSI, et dans une grande majorité de ces cas, il est possible de distinguer sans difficulté un LVSI focale d’une LVSI substantielle.L’utilisation systématique de l’immunohistochimie dans ce contexte est déconseillée. Il existe cependant des situations où l’évaluation d’un LVSI n’est pas toujours simple, et une « checklist LVSI » est proposée qui, selon les auteurs de ce travail, sera utile dans ces cas problématiques. Il est envisageable que des algorithmes d’apprentissage profond (deep learning), formés sur des ensembles de données bien annotées, puissent à l’avenir soutenir l’identification de LVSI.Les experts recommandent de ne compter que les foyers de LVSI non ambigus et d’ignorer les foyers incertains. Ils proposent qu’un seuil uniforme soit adopté pour différencier LVSI focale de LVSI substantielle, à savoir : quatre vaisseaux ou plus positifs dans au moins une coupe histologique du myomètre au-delà du front d’invasion de la tumeur. Les critères proposés réduiront la confusion et permettront une utilisation uniforme des critères par tous les pathologistes.Bien que des études en cours ou futures puissent affiner ce seuil pour le LVSI substantiel, des considérations pratiques rendent de telles études extrêmement difficiles, voire impossibles, notamment en raison du faible nombre de cas proches du seuil diagnostique entre LVSI focale et substantiel.