Publié le 15 nov 2024Lecture 3 min
EHA 2024 | L’effet surprenant de la supplémentation en vitamine C dans les hémopathies myéloïdes de bas risque
Suzette VINALET, Paris
La dernière session plénière du congrès de l’Association européenne d’hématologie s’est clôturée par une étude danoise étonnante, portant sur la supplémentation en vitamine C. Évaluée chez des patients avec une cytopénie clonale ou une hémopathie myéloïde de bas risque, la vitamine C révèle des effets inattendus…
Des mutations somatiques du gène TET2 ont été décrites dans les hémopathies myéloïdes et les cytopénies clonales de signification indéterminée (CCUS). Or, la vitamine C est un important cofacteur impliqué dans la régulation épigénétique de TET2. Cependant, un déficit en vitamine C est souvent retrouvé chez les patients atteints d’hémopathies myéloïdes. Ainsi, la supplémentation en vitamine C serait-elle une stratégie thérapeutique pertinente aux stades précoces de la maladie ?
Une insuffisance en vitamine C chez plus de moitié des patients à l’inclusion
L’essai randomisé de phase II EVI-2(1) a été mené chez 109 sujets atteints de CCUS ou d’hémopathies myéloïdes de bas risque (syndrome myélodysplasique, leucémie myélomonocytaire chronique, néoplasie myéloproliférative). « EVI 2 est la première étude évaluant la supplémentation en vitamine C chez ces patients », a précisé la Dr Stine Ulrick Mikkelsen (Danemark), lors de sa présentation au congrès de l’EHA. Pendant un an, les sujets recevaient soit de la vitamine C orale (1 000 mg/jour), soit un placebo (figure 1). Ils avaient 72,3 ans d’âge médian dans le groupe vitamine C et 75 ans dans le bras placebo. Environ 70 % d’entre eux étaient des hommes.
Figure 1. © EHA 2024
L’objectif principal portait sur la réduction de la fréquence de variant allélique (VAF) des cellules mutées. Quant aux critères secondaires, il s’agissait du taux de vitamine C dans le plasma sanguin périphérique, de la tolérance et de la survie globale (SG). À l’inclusion, 23 % des patients présentaient un déficit en vitamine C (< 23 µmol/L), 34 % une concentration plasmatique insuffisante (23-49 µmol/L) et 43 % un taux correct (≥ 50 µmol/L).
Une concentration normale retrouvée grâce à la supplémentation
« La supplémentation orale a montré sa capacité à augmenter le taux plasmatique en vitamine C, pour atteindre les valeurs supérieures de la normale, chez presque tous les patients », a souligné la Dr Mikkelsen. En effet, la concentration plasmatique médiane en vitamine C des sujets supplémentés passait de 45,85 µmol/L à l’inclusion à 81,90 µmol/L à 12 mois. En revanche, aucun changement significatif de ce taux n’était observé dans le bras placebo.
Selon les résultats préliminaires portant sur l’analyse intermédiaire de 66 patients, aucune différence significative n’était constatée entre les deux groupes, concernant la fréquence allélique, de l’inclusion à la fin du traitement. Mais la surprise est venue d’un des critères secondaires étudiés…
Un bénéfice inattendu en survie globale
« De façon très étonnante, un bénéfice en survie globale est observé avec la vitamine C », a commenté le Dr Lin Pierre Zhao (hôpital Saint-Louis, Paris) lors de l’émission post-EHA organisée par hématologie pratique. Après 33,5 mois de suivi, la SG n’était pas atteinte dans le groupe vitamine C alors qu’elle se limitait à 42,2 mois sous placebo (figure 2), soit une réduction de 65 % du risque de décès (HR 0,35 ; p = 0,0025). « Cela ouvre énormément de perspectives. Néanmoins, il est prudent d’attendre les résultats définitifs de cette étude avant de modifier notre pratique thérapeutique », tempérait le Dr Zhao.
Figure 1. © EHA 2024
Un bon profil de tolérance
Concernant la tolérance, les effets indésirables sévères étaient moins nombreux sous vitamine C qu’avec le placebo (56 % versus 33 %). Ainsi, il a été constaté moins d’anémies de grade ≥ 3 (7 % versus 15 %), de pneumonies (tous grades : 2 % versus 15 %), de tumeurs malignes non hématologiques (2 % versus 7 %), d’arthrites (0 % versus 6 %) et de saignements (0 % versus 6 %). En revanche, les effets gastrointestinaux étaient un peu plus fréquents (diarrhées 5 % versus 2 % ; œsophagites 5 % versus 0 %). Néanmoins, aucun décès n’est survenu sous vitamine C pendant la durée de traitement de l’étude (12 mois), contre deux dans le bras placebo.
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