Publié le 01 oct 2024Lecture 3 min
ESMO 2024 | Étude NIAGARA : vers un changement de standard thérapeutique dans le cancer de la vessie
Sylvie LE GAC, Courbevoie
L’étude de phase III NIAGARA a évalué l’anti-PD1, le durvalumab (D) associé à la chimiothérapie en néoadjuvant d’une cystectomie radicale suivi du D en adjuvant dans le cancer de la vessie infiltrant le muscle. Des résultats positifs qui vont modifier le standard thérapeutique dans cette situation clinique.
La prise en charge du cancer de la vessie infiltrant (CVI) pour les patients éligibles au cisplatine inclue la chimiothérapie néoadjuvante suivie d’une cystectomie radicale. L’équipe de T.B. Powles (Londres, UK) a évalué le durvalumab (D) en association avec la chimio suivie d’une cystectomie radicale et le D en adjuvant dans cette situation clinique.
NIAGARA est une étude de phase 3, randomisée, en ouvert, multicentrique qui a inclus des patients éligibles au cisplatine atteints d’un cancer de la vessie infiltrant le muscle (stades cT2-T4aN0/1M0) candidats à la cystectomie radicale. Les patients ont été randomisés (1:1) afin de recevoir soit le traitement néoadjuvant D (1 500 mg IV 3 fois par semaine) et la chimio (NAC, cisplatine + gemcitabine IV 3 fois par semaine) pendant 4 cycles suivi de la cystectomie radicale et ensuite le traitement adjuvant avec le D en monothérapie IV (4 fois par semaine) pendant 8 cycles, ou la chimio suivi de la cystectomie radicale seule (bras comparateur). Les facteurs de la stratification étaient le stade de la tumeur (cT2N0 versus > cT2N0), la fonction rénale (CrCl ≥ 60 mL/min), et le status PD-L1 (expression haute versus bas/négatif). Les critères principaux étaient la survie sans événement et la réponse pathologique complète. La survie globale faisait partie des critères secondaires.
Comparé à la NAC plus chirurgie, la survie sans événement dans le groupe durvalumab était significativement plus longue (HR 0,68 ; IC95% 0,56-0,82 ; p < 0,0001), de même que la survie globale (HR 0,75 ; IC95% 0,59-0,93 ; p = 0,0106). La cystectomie radicale a été réalisée chez 88 % des patients dans le groupe D et chez 83 % dans le groupe NAC plus chirurgie.
© ESMO 2024
Figure. La survie sans événement était significativement plus longue dans le bras néoadjuvant durvalumab plus chimiothérapie que dans le bras chimiothérapie néoadjuvante seule pour les patients atteints de cancer de la vessie invasif sur le plan musculaire dans l'essai NIAGARA (Congrès ESMO 2024, LBA5).
Pour Petros Grivas (Université de Washington et le Centre de cancérologie Fred Hutchinson, Seattle, États-Unis), ces résultats vont changer la prise en charge thérapeutique des cancers de la vessie localisés infiltrant le muscle vésical.
Le profil de toxicité était gérable et conforme aux attentes pour les inhibiteurs de point de contrôle et la chimiothérapie, sans toxicité synergique ni nouvel événement toxique. Petros Grivas a souligné l’importance d’informer les patients sur le risque d'effets indésirables liés à l'immunité ; ils doivent être encouragés à les rapporter précocement auprès de leur médecin.
Plusieurs questions sont actuellement sans réponse concernant la place globale de l'immunothérapie pour les patients atteints de cancer de la vessie invasif localisé. Faut-il introduire l'immunothérapie en traitement néoadjuvant et/ou adjuvant ? Il faut également mieux sélectionner les patients après une réponse complète pathologique (pRC) qui bénéficieront d'une immunothérapie adjuvante ou non, et quelle est l'utilité clinique de l'ADN tumoral circulant dans ce contexte. Les données mises à jour des essais CheckMate 274 et AMBASSADOR de phase III en adjuvant, ainsi que les résultats des essais en cours de phase III péri-opératoires dans cette population, sont attendus pour répondre à ces questions.
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