Publié le 19 sep 2024Lecture 3 min
ESMO 2024 | Cancer du col localement avancé à haut risque : un nouveau standard thérapeutique
Sylvie LE GAC, Courbevoie
Les cancers gynécologiques, y compris les cancers de du col de l'utérus et de l’endomètre, restent l'une des principales causes de décès par cancer et constituent un défi majeur pour la santé des femmes dans le monde entier. L’immunothérapie associée à une chimioradiothérapie dans les cancers du col de l’utérus à haut risque améliore significativement la survie globale. Zoom sur l’étude ENGOT-cx11/GOG-3047/KEYNOTE-A18.
Lors de la première analyse intermédiaire de l'étude de phase 3 ENGOT-cx11/GOG-3047/KEYNOTE-A18, l'association pembrolizumab (pembro) + chimioradiothérapie concomitante (CRT) a montré une amélioration statistiquement et cliniquement significative de la survie sans progression (SSP) par rapport à l'association placebo (pbo) + CRT chez les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus localement avancé (LACC) à haut risque.
© ESMO 2024
Figure. La survie globale a été significativement améliorée avec le pembrolizumab associé à une CRT concomitante par rapport au placebo associé à une CRT concomitante chez les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus localement avancé dans l'étude ENGOT-cx11/GOG-3047/KEYNOTE-A18.
Sur la base de cette étude, la FDA a approuvé pembro + CCRT pour les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus de stade III-IVA selon FIGO 2014.
À l’ESMO 2024, ce sont les résultats de la survie globale qui ont été présentés.
Au total, 1 060 patientes nouvellement diagnostiquées d’un cancer du col localement avancé (LACC) à haut risque ont été randomisées entre pembro + CCRT (n = 529) et pbo + CCRT (n = 531). Lors de cette analyse (8 janvier 2024, date limite des données), le suivi médian était de 29,9 mois (intervalle, 12,8-43,0). Pembro+CCRT a montré une amélioration statistiquement significative de la SG par rapport au pbo + CCRT. Le taux de SG à 36 mois était de 82,6 % avec pembro + CCRT contre 74,8 % avec pbo + CCRT ; la médiane de SG n'était pas atteinte dans aucun des deux groupes. C’est une amélioration de la survie globale de 8 %.
Le bénéfice en termes de survie a été observé après un suivi médian de 29,9 mois et était cohérent dans tous les sous-groupes préspécifiés, y compris les stades IB2-IIB (HR 0,89 ; IC95% 0,55-1,44) et III-IVA (HR 0,57, IC95% 0,39-0,83) selon FIGO 2014. L'incidence des effets indésirables de grade ≥ 3 était de 69,1 % dans le groupe pembro + CCRT et de 61,3 % dans le groupe pembro + CCRT.
Pour le Dr Isabelle Ray-Coquard, présidente du groupe national d’investigateurs dans l’évaluation des cancers de l’ovaire (GINECO) au Centre Léon Bérard (Lyon, France), le bénéfice observé en termes de survie globale devrait modifier la pratique aussitôt que possible. L’immunothérapie associée à la radiochimiothérapie offre un nouveau standard de traitement pour les patientes avec un cancer du col à haut risque localement avancé ; la radiochimiothérapie est efficace mais s’accompagne d’importants effets indésirables. Il y a un besoin de nouvelles options thérapeutiques mieux tolérées qui augmentent les chances de guérison de ces femmes. Dans de futures recherches, il faut cibler des sous-groupes de patientes avec une maladie localisée qui bénéficieront particulièrement de l’immunothérapie, et également sélectionner les traitements les plus performants pour les associer à l’immunothérapie afin d’améliorer les résultats.
En session présidentielle, Remi Nout de l’institut Erasmus MC Cancer (Rotterdam, Pays-Bas) a souligné que l’immunothérapie doit être administrée sur une période de deux ans, ce qui augmente à la fois les coûts et la charge pour les patients, mais les bénéfices l'emportent probablement sur les risques, a-t-il ajouté.
L’ensemble des experts dont D. Lorusso (Rome, Italie), principal investigateur de l’étude, et I. Ray-Coquard, a insisté sur la prévention contre le virus HPV et a regretté la couverture hétérogène de cette vaccination suivant les différents pays.
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