Sylvie LE GAC, Courbevoie
L’objectif du travail de Kevin Lamote et collaborateurs a été d'étudier si l'analyse de l’air expiré permet de différencier les répondeurs au traitement des non-répondeurs et, le cas échéant, si ce résultat peut être prédit précocement en s’intéressant aux composés organiques volatils comme biomarqueurs prédictifs.
Treize patients souffrant d’un mésothéliome ont été inclus et soumis à un examen d’imagerie (TDM) avant traitement et tous les 3 mois après traitement ; ils ont ensuite été classés comme stables (SD) ou progressifs (PD) selon les critères mRECIST.
À chaque temps d’examen d’imagerie, des échantillons d’air expiré ont été prélevés et analysés par spectrométrie de masse à mobilité ionique, les composés organiques volatils ont été caractérisés. Et un modèle prédictif a été conçu pour prédire la réponse au traitement.
Le modèle prédictif à partir des échantillons de suivi a permis de distinguer les patients dont la maladie est stable de ceux dont la maladie progresse avec une précision de 89 % (IC95% : 67,9-98,1). Comme il n'y avait aucune différence dans le protocole thérapeutique entre les patients SD et PD, les auteurs émettent l’hypothèse selon laquelle les composés organiques volatils sélectionnés sont impliqués dans des mécanismes plus généraux ou sont corrélés au microenvironnement tumoral, plutôt que d'être spécifiques au traitement.
L'identification des composés organiques volatils dans l'air expiré constitue donc une opportunité prometteuse pour la détection non invasive et la prédiction de la réponse au traitement chez les patients atteints de mésothéliome. Cependant, pour confirmer leur utilité potentielle, une validation plus poussée du profil des composés organiques volatils dans une population plus large est nécessaire. Par la suite, l'identification du profil des composés organiques volatils pour chaque traitement pourrait faciliter la prédictibilité de la réponse thérapeutique et ainsi savoir quels patients seraient les plus susceptibles de répondre à tel ou tel traitement spécifique, ce qui permettrait d'améliorer le schéma thérapeutique global.
Cette démarche d’identification de signatures spécifiques de composés organiques volatils de l’air expiré n’est pas nouvelle. Des études prospectives multicentriques ont été déjà menées avec pour objectif le dépistage de cancers bronchiques. Mais les modèles prédictifs doivent faire encore leur preuve dans des études de cohorte plus importante.