Gynécologie & Sénologie
Publié le 05 juil 2023Lecture 3 min
ASCO 2023 | Étude SONIA : séquences thérapeutiques des inhibiteurs de CDK4/6 en 1re et en 2e ligne
Delphine LOIRAT, Institut Curie, Paris
Les inhibiteurs de CDK4/6 (inhCDK4/6), en association avec une hormonothérapie ont montré leur efficacité à la fois en première et en seconde ligne métastatique pour les cancers du sein RH+ HER2-. Les recommandations des sociétés savantes placent leur utilisation dès la première ligne métastatique quelle que soit la présentation clinique de la maladie(1). Mais ces inhCDK4/6 induisent une toxicité clinique avec des effets secondaires mais également une toxicité économique du fait de leur coût. Dans ce contexte, les études de stratégie thérapeutique sur le positionnement des inhibiteurs de CDK4/6 présentent un intérêt particulier.
L’essai SONIA est un essai de phase 3 évaluant les séquences thérapeutiques, randomisant, en première ligne : inhibiteur de l’aromatase non stéroïdien (IA) + inhCDK4/6 et à progression fulvestrant (ful) (IA + inhCDK4/6 —> ful) versus la séquence inverse ful —> IA + inhCDK4/6. Le critère de jugement principal est la survie sans progression après 2 lignes de traitement (PFS2). Les principaux critères d’inclusion sont femmes préménopausées ou ménopausées, maladie mesurable, absence de crise viscérale. Au total, 1 050 patientes ont été incluses dans l’essai avec un âge médian de 63 ans, 14 % de femmes préménopausées, 35 % de de novo métastatique, 56 % ayant des lésions viscérales.
Figure 1. Schéma de l’essai SONIA. © ASCO 2023
Au total, 91 % ont reçu du palbociclib, 8 % de ribociclib et 1 % de l’abémaciclib. Le suivi médian est de 37,3 mois, la durée d’exposition aux inhCDK4/6 est de 24,6 mois pour la séquence IA + inhCDK4/6 —> ful et de 8,1 mois pour la séquence ful —> IA + inhCDK4/6.
Figure 2. Survie sans progression (incluant les 2 premières lignes de la stratégie thérapeutique). © ASCO 2023
La PFS1 est de 24,1 vs 16,1 mois, HR = 0,59 (0,51-0,69) ; p < 0,0001 en faveur du bras IA + inhCDK4/6 —> ful. La PFS2 est de 31,0 mois vs 26,8 mois HR = 0,87 non significatif.
L’analyse en sous-groupes montre que la séquence IA + inhCDK4/6 —> ful, est plus favorable en termes de PFS2, pour les patientes n’ayant ni reçu un traitement par chimiothérapie ni par hormonothérapie en situation (néo)adjuvante, sans métastases viscérales et avec des lésions osseuses uniquement.
La survie globale des deux groupes est équivalente, avec une survie de 45,9 (IA + inhCDK4/6 —> ful) mois et 53,7 mois (ful —> IA + inhCDK4/6), HR = 0,98.
Sur le plan de la toxicité, les effets secondaires de grade ≥ 3 sont augmentés de 42 % dans le groupe ayant reçu l’inhCDK4/6 en première ligne, ceci est notamment dû à la durée d’exposition aux inhCDK4/6 dans ce groupe.
Que faut-il retenir ?
L’étude SONIA montre que la séquence thérapeutique, en positionnant l’inhCDK4/6 soit en première, soit en seconde ligne n’a pas d’impact sur la PFS incluant les deux premières lignes d’hormonothérapie, ni sur la survie globale. Cependant, la stratégie consistant à traiter les patients en seconde ligne par inhCDK4/6 réduit leur durée d’exposition aux inhCDK4/6, il en découle une réduction de la toxicité et du coût du traitement. Les résultats de cette étude sont pertinents car ils interrogent sur la stratégie en termes de séquence en pointant à la fois l’efficacité, la tolérance mais aussi l’impact économique. Une des critriques majeures qui peut être soulevée est que la grande majorité des patients a reçu le palbociclib et cela n’a pas démontré une efficacité significative en survie globale(2). Également, les séquences comportaient un traitement hormonal en monothérapie par fulvestrant, n’incluant pas une thérapie ciblée ni un SERD qui pourraient devenir les traitements de référence dans les années à venir.
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