Publié le 23 mai 2023Lecture 3 min
AACR 2023 - CHC à haut risque : atézolizumab + bévacizumab, une place en situation adjuvante à confirmer
Estelle DHAMELINCOURT, CHU de Brest
À l’occasion du Congrès de l’Association Américaine pour la Recherche en Cancérologie (AACR 2023), les résultats de l’étude de phase III, IMbrave 050, évaluant l’association atézolizumab/bévacizumab (ATZ / BEVA) en traitement adjuvant des patients atteints d’un carcinome hépatocellulaire (CHC) à haut risque de rechute, ont été présentés.
Après résection chirurgicale ou traitement ablatif percutané à visée curative, le risque de récidive du CHC est de l’ordre de 70 % dans les 5 ans. Jusqu’à présent, il n’existe pas de stratégie thérapeutique adjuvante approuvée, la norme de soin étant la surveillance active, y compris pour les CHC à haut risque de rechute. Sur la base de l’activité antitumorale connue de la combinaison atezo/beva dans l’essai IMbrave 150 pour les CHC avancés, IMbrave 50 a été conçu pour répondre à ce besoin clinique non satisfait en situation adjuvante. Il s’agit d’une étude de phase III randomisée qui évalue l’intérêt d’une thérapie adjuvante par atézolizumab + bévacizumab selon le schéma d’administration connu pendant 12 mois, chez des patients atteints de CHC localisé, traité par chirurgie ou traitement ablatif local à visée curative et considéré comme à haut risque de récidive [T > 5 cm, nombre de tumeurs > 3, invasion micro- ou macrovasculaire et la faible différenciation de la tumeur (Grade 3 ou 4)]. L’étude a été menée dans 25 pays et a recruté 662 patients qui ont été randomisés 1:1 entre le bras expérimental et le bras surveillance active. Il y avait une stratification selon la région, le nombre de facteurs de risque, le type de procédure curative et la réalisation ou non d’une chimio-embolisation artérielle hépatique. L’objectif principal de l’étude était la survie sans récidive (SSR). (Figure 1)
© AACR
Lors de l’analyse intermédiaire et avec un suivi médian de 17,4 mois, l’étude est positive sur son critère de jugement principal avec un HR à 0,72 (IC95% 0,56-0,93 – p = 0,012) soit une réduction du risque de rechute ou décès de 28 % avec la combinaison (figure 2). À un an, le taux de survie sans récidive est de 78 % dans le groupe expérimental contre 65 % pour la surveillance active. Les médianes de SSR ne sont pas atteintes pour les deux stratégies. Le bénéfice en SSR s’observait dans la plupart des sous-groupes (figure 3). Les données de survie globale sont quant à elles immatures au moment de la présentation, un plus long suivi est nécessaire. À noter que le cross-over était autorisé et que sur les 133 patients ayant présenté une récidive au cours de la surveillance active, 81 ont reçu ATZ/BEVA. Le profil de tolérance était cohérent avec les données de l’essai IMbrave 150.
© AACR
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L’association ATZ/BEVA est le premier traitement adjuvant à démontrer une amélioration statistiquement significative de la SSR comparativement à la surveillance active chez des patients atteints d’un CHC à haut risque de récidive après résection chirurgicale ou traitement ablatif local. Néanmoins, il faut attendre les données de survie globale pour éventuellement établir la combinaison comme stratégie adjuvante et modifier les pratiques. En effet, l’existence d’une thérapie adjuvante efficace pourrait conduire à reconsidérer l’option chirurgicale chez des patients avec une maladie potentiellement résécable avec risque de récidive précoce. Est-ce que le bénéfice en survie sans récidive se traduira en survie globale ? Affaire à suivre…
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