Publié le 06 avr 2023Lecture 2 min
ELCC 2023 et étude APPLE - Retour de la stratégie séquentielle dans les CBNPC avec mutation de l’EGFR ?
Édouard AUCLIN, Hôpital européen Georges Pompidou, Paris
Depuis 2018, l’osimertinib est devenu le standard de traitement de première ligne dans les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC) avec mutation activatrice de l’EGFR. En effet l’étude FLAURA a montré un bénéfice en survie sans progression et survie globale de l’osimertinib en première ligne comparé à un inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) de 1re génération. À noter que dans cette étude, seuls 31 % des patients du groupe comparateur ont reçu l’osimertinib en deuxième ligne.
L’étude APPLE présentée à l’ELCC (The European Lung Cancer Congress) 2023 en session plénière avait 2 objectifs : i) la faisabilité d’un suivi de l’ADN tumoral circulant (ADNtc) pour détecter la progression sous ITK de 1re génération, et ii) la comparaison de la stratégie séquentielle (géfitinib puis osimertinib) à l’osimertinib en première ligne. Seuls les patients ayant une mutation de l’exon 19 (délétion) ou 21 (L858R) étaient incluables. Ici les résultats de la survie globale ainsi que l’analyse de certains sous-groupes étaient rapportés. Pour ces analyses, les bras B et C étaient réunis (géfitinib suivi d’osimertinib à progression) et comparés au bras A (osimertinib d’emblée) comme montré dans la figure 1.
Figure 1. Schéma de l’étude APPLE, d’après Remon et al. ELCC 2023.
Un total de 53 patients ont été randomisés dans le bras A, et 103 patients dans le bras B+C. Les caractéristiques initiales étaient comparables et reflétaient la population traitée pour un CBNPC avec mutation de l’EGFR. À noter qu’il y avait numériquement plus de patients ayant des métastases cérébrales stables ou prétraitées dans le bras B+C (29 % vs 19 %). En 2e ligne, 20 patients ont reçu un traitement dans le bras A (chimiothérapie pour 50 %) et 81 patients dans le bras B+C (osimertinib pour 82 %). Le résultat principal de cette étude est que la stratégie de séquence (bras B+C) était comparable à l’osimertinib d’emblée (bras A) avec une médiane de survie globale similaire entre les deux bras de traitements : non atteinte pour le bras A contre 42,8 mois dans le bras B+C (HR : 1,01, IC95% : 0,61-1,68), (figure 2).
Figure 2. Résumé des principaux résultats de survie, d’après Remon et al. ELCC 2023.
À 18 mois, 84,4 % et 82,3 % des patients étaient vivants dans les bras A et B+C, respectivement. Quelle que soit la ligne d’administration de l’osimertinib, la survie sans progression était identique sous traitement (19,5 mois en 1re ligne, contre 21,3 mois en 2e ligne) avec un profil de toxicité identique entre les deux lignes (figure 2). De façon non surprenante, la progression cérébrale était retardée dans le bras A (34,3 mois vs 22,3 mois, HR : 0,54, IC95% : 0,34-0,86) (figure 2). À noter que 17 % des patients ont présenté une progression moléculaire sous géfitinib avec une survie globale médiane non atteinte pour ces patients. De plus, les patients qui négativaient leur ADNtc à 4 et 8 semaines du début du traitement avaient une survie sans progression plus longue. Au final, l’étude APPLE a montré que la stratégie séquentielle pouvait être intéressante pour certains patients, et que le suivi de l’ADNtc était un outil digne d’explorations plus large pour guider la stratégie thérapeutique.
Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.
pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.
Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :
Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :