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Urologie

Publié le 24 mar 2023Lecture 3 min

ASCO GU 2023 - Cancer de la prostate métastatique hormonosensible : ARASENS confirme que 3 médicaments font mieux que 2

Sylvie LE GAC, Courbevoie

Les nouvelles données présentées à l’ASCO GU 2023 de l’étude de phase III ARASENS(1) confirment les bénéfices en termes de survie globale et le profil de sécurité d’emploi du darolutamide, hormonothérapie de 2e génération (HT2G), associée à la castration androgénique standard et au docétaxel, pour l’ensemble des sous-groupes de patients présentant un cancer de la prostate métastatique hormonosensible diagnostiqué de novo. Ces derniers résultats confirment ceux des études PEACE-1(2) et ENZAMET(3).

Le cancer de la prostate métastatique est une maladie très hétérogène pour laquelle plusieurs facteurs pronostiques ont été identifiés. Ce sont le nombre et la localisation des métastases osseuses, le score de Gleason de la tumeur primitive et la présence de métastases viscérales qui sont le plus souvent utilisés pour stratifier les patients(4,5). Selon les études, les patients sont stratifiés selon le volume tumoral ou le risque évolutif (tableau). Dans l’étude ARASENS(1), les patients étaient randomisés 1:1 afin de recevoir soit le darolutamide associée à la castration hormonale et au docétaxel, soit un placebo associé à la castration hormonale et du docétaxel. La maladie de haut volume était définie par la présence de métastases viscérales et/ou d’au moins 4 métastases osseuses dont au moins une en dehors du rachis ou du pelvis, définition reprenant les critères de CHAARTED (tableau). La maladie à haut risque tumorale répondait aux critères de LATITUDE (tableau). Tableau. Stratification des patients ayant un cancer de la prostate métastatique hormonosensible selon le volume et le risque. Parmi les 1 305 patients de ARASENS, 1 005 (77 %) avaient une maladie de « haut volume », 912 (70 %) avaient une maladie à « haut risque », 300 patients avaient une maladie de « volume faible », et 393 (30 %) avaient une maladie de « faible risque ». L’analyse des sous-groupes montre que le bras triplet avec le darolutamide prolonge la survie globale (critère principal) des patients présentant une maladie de haut volume tumoral (HR 0,69 ; IC95% : 0,57-0,82) comparativement au bras suppression androgénique + docétaxel seule. Ce bénéfice en termes de survie globale s’est vérifié dans les sous-groupes de maladie à haut risque (HR 0,71 ; IC95% : 0,58-0,86) et bas risque tumoral (HR 0,62 ; IC95% : 0,42-0,90). Dans le groupe de patients atteints d’une maladie de faible volume, les résultats suggèrent également un bénéfice en termes de survie dans le bras darolutamide (HR 0,68 ; IC95% : 0,41-1,13) (figure 1). Figure 1. La survie globale dans l’étude ARASENS des sous-groupes de patients avec une maladie de « haut volume » (A), de « bas volume » (B), maladie à « haut risque » (C) et à « bas risque » (D). https://ascopubs.org/doi/full/10.1200/JCO.23.00041# Seulement, 30 % des patients diagnostiqués avec un cancer de la prostate métastatique hormonosensible sont encore à vie à 5 ans ou plus du diagnostic. La plupart de ces patients progressent vers un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, avec un mauvais pronostic à long terme. Il faut donc retarder le plus longtemps possible cette évolution. Comparativement au groupe thérapeutique suppression androgénique + docétaxel, le groupe du triplet thérapeutique comprenant le darolutamide a amélioré l’ensemble des critères secondaires (temps jusqu’à l’apparition d’une résistance à la castration, le temps jusqu’à progression de la douleur, le temps jusqu’au premier événement squelettique, le temps jusqu’à l’initiation d’un traitement anticancéreux ultérieur) de façon significative (figure 2), quels que soient les sous-groupes de patients. Figure 2. Temps jusqu’à l’apparition d’une résistance à la castration selon chaque sous-groupe de patients de l’étude ARASENS : maladie de « haut volume » (A), de « bas volume » (B), maladie à « haut risque » (C) et à bas « risque (D). Le bras darolutamide associé à la suppression androgénique et à la chimiothérapie par docétaxel a significativement réduit le risque de décès de la population globale d’ARASENS(6) de 32,5 % (HR 0,68 ; IC95% : 0,57-0,80 ; p < 0,001) comparativement au bras placebo + suppression androgénique + docétaxel. Le bon profil de tolérance du triplet est confirmé par ces nouvelles données. L’incidence de l’ensemble des effets indésirables est comparable entre les sous-groupes et entre les bras de traitements. À noter quelques effets secondaires connus plus spécifiques des inhibiteurs du récepteur aux androgènes tels que le darolutamide, on note en particulier davantage d’hypertension artérielle, par comparaison au groupe. « Les résultats de ARASENS(1), PEACE-1(2) et également ENZAMET(3) vont modifier dans un avenir proche les guidelines thérapeutiques chez les patients souffrant d’un cancer de la prostate métastatique hormonosensible diagnostiqué de novo », a indiqué le Pr Karim Fizazi (oncologue médical, spécialiste des cancers génito-urinaires.

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