Publié le 20 avr 2021Lecture 2 min
Angiosarcome radio-induit
Stéphanie COHEN-ZARADE, Cécile FARGES, radiologues, Paris
Mme B., 65 ans, a été traitée pour un CCI du QSE gauche par tumorectomie, radiothérapie, puis hormonothérapie pendant 5 ans. Son bilan sénologique annuel est normal.
7 ans après ce cancer, elle consulte pour un empâtement du QII du sein gauche associé à des douleurs. L’examen clinique retrouve une ecchymose cutanée du QII gauche présente depuis plus d’un mois selon la patiente, sans traumatisme (figure 1). La mammographie, l’échographie et l’IRM mammaire sont normales. Pas de masse palpable nettement individualisable. Pas d’épaississement cutané. Des biopsies cutanées sont réalisées : il s’agit d’un angiosarcome cutané primitif radio-induit.
Figure 1. Stade précoce, chez notre patiente. Exérèse complète permettant une rémission prolongée.
La patiente est traitée par mastectomie totale après une première exérèse incomplète. La tumeur est très infiltrante : cellules malignes isolées dans l’hypoderme, 10 cm de diamètre en histologie dans la peau, malgré une lésion visible de 4 cm seulement.
Le bilan d’extension est négatif. La patiente va bien en 2019.
Les sarcomes radio-induits concernent environ 0,5 % des patient(e)s traité(e)s.
L’angiosarcome est une prolifération maligne de cellules endothéliales, au diagnostic anatomo-pathologique difficile. La lésion est toujours beaucoup plus étendue sur le plan microscopique que la lésion visible ne le prévoit. Le traitement, chirurgical, impose des marges importantes (au moins 2 cm ou une mastectomie).
La dissémination est locale (figure 2) et hématogène, et non lymphatique.
Figure 2. Stade plus tardif, chez une autre patiente. Exérèse complète impossible.
Le pronostic est très défavorable, avec une survie de 30 % à 5 ans.
Le délai de survenue moyen après radiothérapie est de 8 ans, mais le diagnostic est possible entre 1 et 42 ans après les rayons… Toute zone corporelle ayant reçu 50 Gy ou plus est concernée. Pour le sein, 80 % des sarcomes radio-induits sont cutanés et 20 % sont intramammaires.
Les lésions se développent à l’intérieur ou en bordure du champ d’irradiation le plus souvent.
Cliniquement, notre patiente est typique : empâtement, douleurs, ecchymose persistante lentement évolutive au départ.
L’imagerie ne montre rien au stade précoce, puis un épaississement cutané avec rehaussement IRM apparaissent lorsque la tumeur évolue (figure 3).
Figure 3. Épaississement et rehaussement cutanés sans anomalie intra-mammaire.
Les formes intra-mammaires, rares, retrouvent une masse fortement rehaussée (figure 4).
Figure 4. Angiosarcome intra-mammaire, forme sporadique, sans irradiation préalable, souvent autour d’une grossesse.
En conclusion, l’examen clinique dermatologique de l’ensemble du sein après irradiation ne doit pas être négligé. Une ecchymose persistante sans traumatisme sur un sein irradié doit conduire à une biopsie. Le pronostic est alors nettement amélioré si l’exérèse complète est possible.
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